Lounie : Les Amours Interdites
Il était une fois, dans une lointaine Lune-d’Argent, deux Amoureux qui s’aimaient tendrement. Lui, un charmant garçon de la bourgeoisie et elle, une douce fille de l’ancienne noblesse. Hélas, étant donné leur différence de classe sociale et l’absence d’un intérêt interfamilial pour les marier, leurs parents n’approuvaient en rien cette idylle.
Afin de faire oublier à leur fille cette passion de jeunesse, ses parents décidèrent d’enfermer l’Amoureuse dans leur palais. Cruels et sans empathie, ils la forcèrent à étudier des jours durant, sans le moindre repos, avec pour seule compagnie sa vieille préceptrice qui la battouillait si elle manquait d’efficacité dans ses études. Malheureuse et le cœur opprimé, la jeune fille était aux portes du désespoir.
Elle avait beau supplier ses parents de bien vouloir la laisser rejoindre son Amoureux, ne serait-ce que pour une soirée, les méchants ne souhaitaient rien entendre. « Point fleur ne se mêlera jamais au fumier », aimaient-ils lui répéter inlassablement, avant de renchérir en lui expliquant qu’elle épouserait un noble garçon qu’ils choisiraient selon leur volonté.
La seule pensée d’un mariage arrangé et sans amour lui causait un désespoir si profond que ses larmes s’échappaient d’elles-mêmes. Quand, effondrée, elle se sentait sur le point de mettre un terme à sa tristesse et à sa vie, l’Amoureuse touchait avec tendresse le pendentif en forme de cœur que son bel amour lui avait offert.
Au fond de son cœur, la jeune fille rêvait qu’à l’instar du prince charmant, l’Amoureux vole à son secours et la délivre des Trolls avant de l’emmener sur son beau cheval aux confins du Haut-Royaume. Chaque jour, chaque nuit, elle priait intensément pour que ce moment arrive enfin.
Mais l’Amoureux, de trois ans l’aîné de sa douce, était hélas déjà en âge de se marier. Et ses parents avaient trouvé l’épouse idéale : une vieille femme d’une laideur et d’une cruauté sans pareilles, à tel point que l’on doutait infiniment de la pureté de son sang. Désespéré de ne plus voir son amoureuse et de devoir épouser cette ignoble femme aux origines douteuses, l’Amoureux attendit la tombée de la nuit pour s’enfuir de la bâtisse familiale, en direction des hauts-quartiers.
Discrètement, il se faufila au plus près de la chambre de la douce fille, avant de constater avec effroi que toutes les fenêtres avaient été bouchées. De désespoir, il se mit à pleurer intensément, si fort que la Lune finit par l’entendre. Prise de pitié et attendrie par ce si bel amour impossible, la Divinité fit alors tomber une Etoile sur le toit du palais, ce qui ouvrit silencieusement une brèche.
Epoustoufflé par ce miracle, l’Amoureux, un fougueux jeune-homme, se mit alors à escalader la bâtisse jusqu’à atteindre la chambre de son éprise, paisiblement endormie en rêvant à lui. Afin de la réveiller dans la plus grande des douceurs, l’Amoureux déposa le plus doux des baisers sur ses lèvres. La jeune fille ouvrit les yeux, aux anges, et laissa couler une larme de joie.
Ensemble, les Amoureux s’enfuirent dans les pénombres de la nuitée en trouvant refuge dans un hôtel connu pour accueillir les épris, et ce n’est qu’au petit matin que leurs parents respectifs se rendirent compte de leur disparition. Courroucés, les parents de l’Amoureuse décidèrent d’envoyer tous leurs gardes à la recherche de leur fille désobéissante. Quant aux parents de l’Amoureux, ils prononcèrent officiellement le déshéritage de leur fils unique.
Mais les concernés n’avaient cure de ces injustes sanctions, de cette honteuse répression à l’Amour. Loin de leurs familles et de leurs contraintes, cachés dans cette suite d’hôtel au décor idyllique qui évoquait leurs rêves les plus passionnés, les Amoureux profitaient de leur passion chaste, enfin libres de l’exprimer pleinement.
Hélas, la méchanceté est chose tenace. Par menaces, chantages et ruses, les parents des Epris finirent par les retrouver. Menacé de mort par le père de la jeune fille, le gérant de l’hôtel eut à peine le temps d’ordonner à son valet de prévenir les Amoureux. Courant à toutes jambes dans les escaliers du pittoresque bâtiment, le courageux serviteur arriva devant la porte de leur chambre avant de s’écrier vivement : « Suivez-moi, beaux épris ! Ils sont là ! Les voilà, les ennemis de l’Amour ! ».
Paniqués, les Amoureux se regardèrent dans les yeux, pour échanger un regard des plus profonds et des plus sincères. Ils se prirent spontanément la main, avant de suivre le brave valet, qui les mena jusqu’au toit de l’hôtel et referma ensuite la trappe et s’en alla faire diversion. Envahis par la peur d’être séparés, effrayés à l’entente du gentil valet malmené par les soudards, les deux épris partagèrent une chaude étreinte.
Malheureusement, les ignobles parents parvinrent finalement à trouver la trappe, et c’est toute une dizaine de gardes qui envahirent bientôt les lieux, prêts à meurtrir l’Amour. Bientôt, le père de la jeune fille prit la parole : « Tu passeras dix ans dans le plus strict des pensionnats, afin d’apprendre à te conduire dignement avant d’épouser un homme convenable. Quant à vous, jeune-homme, sachez que vos parents vous ont déshérité. Vous serez pendouillé pour vos actes. »
Le cœur brisé à l’entente de ces si cruelles paroles, la douce fille prit alors la main de son Amoureux. Les deux épris échangèrent un intense regard, suivi d’un baiser immensément passionné, qui fit rougir de haine les spectateurs… probablement jaloux du véritable Amour. Les larmes aux yeux et les mains jointes, les deux épris virent leurs vies défiler devant leurs yeux. Leur rencontre dans la forêt, leurs sentiments respectifs, leurs anciennes aspirations qui ne sauraient voir le jour.
Sous les yeux haineux des parents, les Amoureux firent trois pas jusqu’au bord du toit, afin de se laisser tomber dans le vide… pour monter au ciel parmi les Astres. Accueillis au Palais Cosmique auprès de la Lune, les Epris furent accueillis en véritables héros de l’Amour. Leur histoire en avait fait pleurer Cosmia, la gardienne du Palais, pourtant réputée impassible.
Saints Patrons des idylles interdites, les Amoureux devinrent des Astres. Aujourd’hui encore, en regardant le ciel à la nuit tombée, il est possible de voir les deux Epris s’échanger un éternel baiser.
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